The Joe Louis Story

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Joe Louis Barrow était né le 13 mai 1914 à Lexington, dans l'Alabama, où ses parents cultivaient le coton. Transplanté avec sa famille à Detroit, il alternait son emploi de tourneur dans une usine automobile et la fréquentation des salles de boxe, où il montrait des dons exceptionnels. À vingt ans, après cinquante combats victorieux chez les amateurs, il se décida pour la carrière de boxeur professionnel. C'était à l'époque une aventure ; aucun Noir n'avait l'espoir de faire une grande carrière dans la boxe. Harry Wills, l'éternel challenger à la couronne des poids lourds, qui tourna longtemps comme un gros papillon de nuit autour de Jack Dempsey sans avoir jamais eu sa chance, était là pour l'attester. Le souvenir demeurait cuisant de Jack Johnson, la merveille noire qui ridiculisa si longtemps les Blancs avant la première guerre. Néanmoins, une série de vingt-cinq victoires entre 1934 et 1935 devait placer Joe Louis sur l'orbite mondiale : les trois dernières, sur Carnera (K.O., sixième), Max Baer (K.O., quatrième) et Paolino Uzcudun (K.O., quatrième) étaient indiscutables. Le 19 juin 1936, au Yankee-Stadium de New-York, devant quarante mille spectateurs, Joe Louis rencontre l'Allemand Max Schmeling. Le promoteur du match, Mike Jacobs, qui contrôle toutes les organisations pugilistiques aux États-Unis et qui a l'exclusivité des intérêts de Louis, ne met pas en doute le triomphe de son protégé. Or, la surprise générale, c'est Schmeling qui gagne. Envoyé à terre au quatrième round, Joe Louis avait encaissé une terrible droite à la douzième reprise : K.O., hors de combat ! Ce soir-là, les cabarets de Harlem fermèrent avant minuit.

Joe Louis obtint miraculeusement une nouvelle chance pour le titre mondial un an plus tard. À Schmeling, l'idole aryenne du IIIe Reich réprouvée par les milieux antiracistes de New-York, on préféra Joe Louis pour être opposé au champion toutes catégories Jim Braddock, alors âgé de trente-deux ans. Le match se déroula le 22 juin 1937 dans le stade de Comiskey-Park à Chicago devant quarante-cinq mille spectateurs. Joe Louis descendu au premier round (il avait pour ceux qui pouvaient le toucher, la mâchoire fragile), se releva pour prendre bientôt la direction du combat. Au huitième round, Braddock était frappé sec à la pointe du menton, et compté ouf par l'arbitre. Pour la première fois depuis près de trente ans, c'est-à-dire depuis la dernière victoire de Jack Johnson, un Noir était champion du monde. Ce soir-là un vent de folie passa sur Harlem. Quant à Braddock, battu et remisant ses gants, il n'avait pas fait une mauvaise affaire : une garantie, signée Mike Jacobs, de 10 % sur tous les futurs championnats du monde de son vainqueur !